États de non-lieux (2007-2010)
Les épreuves de cette première étape de la série États de non-lieux, ont été effectuées par mes soins en laboratoire traditionnel argentique avec un procédé de révélation particulier qui leur apporte cette pigmentation et ce grain si spécifiques, offrant aux matières et aux surfaces une dimension sensitive allant parfois jusqu’à l’abstraction.
En 2004, j’avais expérimenté ce même procédé pour une série qui accompagnait un récit d’Alice Becker-Ho, Là s’en vont les seigneuries (éditions Le temps qu’il fait).
Ici, j’ai poussé ailleurs et plus loin mes expériences formelles en jouant sur des températures et des temps de révélations extrêmes au cours du développement.
Il a été souvent nécessaire de passer par de multiples essais avant d’obtenir le résultat voulu, une image pouvant exiger une journée de recherches et plus d’une douzaine d’épreuves successives pour atteindre sa destination.
Ce procédé de développement par contagion des noirs étant incompatible avec les formats supérieurs à 24X30cm, les épreuves argentiques originales de petites tailles retenues ont été scannées et transformées en fichiers haute définition, seule alternative possible pour obtenir par la suite de grands formats.
Au final, les tirages ont été effectués sur un papier argentique (procédé Lambda).
Pour cette série – et en particulier pour les photographies réalisées au cours d’une tempête de sable – j’ai privilégié l’utilisation du grand format, celui-ci imposant un contact plus direct avec la matière, sa texture, son effacement et renforçant la sensation d’irréalité qui fut la mienne au cours des prises de vue.
Dans la volonté de rester au plus proche du procédé argentique utilisé et des épreuves originales, les fichiers ont été très peu retouchés, ce qui explique les différences de tonalités et aussi un effet de contagion des noirs plus ou moins prononcé selon les images.
Cette non-homogénéité du traitement au sein d’une même série est un parti pris revendiqué, une affirmation allant à l’encontre des tendances d’une certaine photographie actuelle empruntant inlassablement le chemin du systématique.
Pas de précision ici à propos de ce que j’ai souhaité exprimer, sans doute à cause du caractère elliptique de la plupart des images et surtout des ellipses elles mêmes que j’ai traversées sur ces non-lieux, en juin 2007.
EXPOSITIONS >
Centro Luigi Di Sarro, Rome (extraits) – octobre 2013
Le Grand R, scène nationale, La Roche-sur-Yon – février 2011
Le pavillon jaune, Paris – mai / juin 2010
Galerie Oberkampf, Paris – mars / avril 2010